Il est le
dernier né de la littérature tchadienne. Il se nom Mahamat Nour Abdéramane
Barka et se réclame du courant littéraire de la Négritude. Son ouvrage, l´amour
et la révolte d´un nègre est paru aux Éditions Édilivre en février 2015. Un recueil
de poèmes de 78 pages.
N comme votre nom
Se présenter, c’est parler de soi, c’est une
forme très difficile
qu’aiment peu de gens si je me fie à ce que je
vois ces dernières
années. Pour vous répondre, je m’appelle Mahamat
Nour Abdéramane
Barka, Je suis né à
une époque agitée et intéressante. Une époque fait de guerres, de violences et
d´immoralités. Je me dis souvent que je suis issu d'une génération dont
l'avenir est indécis.
E pour éducation
J’étudie et je suis membre du collectif
WenakLabs. J’écris
aussi aux heures les plus radieuses de mes
nuits. Je me vois donc
comme un solitaire aimant les errances
nocturnes.
Récemment, j’ai participé à la rédaction d’un
magazine. Beaucoup me
demandaient si Abdramane Barka, - le Directeur
de publication du
quotidien Le Progrès -, est mon père. Je saisis
à la hâte cette ample
occasion pour leur dire qu’il n’est pas mon
père. Cependant, j’aurai
voulu dire à mon père qui est un fidèle lecteur
de ce journal de ne
pas lire la rubrique Barakum qui semble fermer
les yeux sur les
tristes réalités que vivent les Tchadiens et
pare de plumes de paon
tout acte, quel qu’il soit, fait par le
gouvernement.
Guerres,
guérillas et rébellion au Tchad. Si on en parlait
Le Tchad fut, par le passé, un abîme de détresse.
D’interminables
guerres ont divisé le peuple et terni l’histoire
de ce beau pays. Je
me sentis cet enfant né dans les crépitements
d’arme et dont la
naissance a été saluée par les chants de deuil,
entonnées par mon
peuple. J’ai grandi dans l’innocence et toutes
ces images affreuses de
guerres m’ont rendu triste. Je crois avoir dit
il y a quelques années
à Dina, –un poète en herbe-, « Je veux
participer pour le combat de
la paix au Tchad ». Et, c’est pour la paix que
je signe ce premier
recueil de poèmes. Aujourd’hui, j’impose la paix
dans tous les cœurs,
car faire la guerre ne devrait pas être, selon
mes aspirations, une
solution pour le Tchad qui, depuis plusieurs
décennies, ne respire que
la haine et les rancunes qui n’ont de cesse
prospérer en son sein. Au
contraire, il est temps qu’on consomme le
dialogue.
R pour tes rêves et aspirations.
Mes écrits prônent l’espoir et sont porteurs
d’espoir pour la
jeunesse. Je rêve aujourd’hui d’un pays
meilleur, je veux dire: uni
et prospère, où je pourrais voir le rayonnement
de ce Tchad
luire dans les yeux de mes compatriotes. Voir la
diaspora et le maquis
rentrer au pays est l’essence même de mes rêves.
Cela, je suppose,
nous aidera à nous exprimer et à changer le
Tchad, je veux dire lui
donner l’image d’un peuple ardent et pressé de
se reconstruire enfin
dans la paix. Héritier d’une nation à feu et à
sang, j’en veux
aujourd’hui à mes ancêtres qui m’ont donné un
pays avec plus de
plaintes que de beauté et je devrais donner à
mes enfants une nation
de culture où ils devraient vivre sans distinction
d’ethnie, ni de
religion.
I pour ton idole
et modèle littéraire
Enfant, je lisais déjà les pères de la Négritude
qui sont devenus
ensuite mes maîtres à penser et à poétiser.
Quand j’ai commencé à
écrire, je n’ai pensé qu’à m’exprimer comme ces grands
noms de la
Négritude qui s’étaient unis au service d’un
même idéal. J´aime
beaucoup David Diop. Il est mon modèle, l’icône
de mon
engagement. Plus tard, j’ai lu Nimrod et je vis
le Tchad dans ses
beautés soudanaises, les échos d’arme et
les pleurs de victimes. Il est devenu depuis, mon
père spirituel.
Tolérance et cohabitation aux Tchad
Nos aïeuls furent les seigneurs authentiques de
la fraternité, il
faut lire ou écouter les contes pour s’en
convaincre. Les mille et une
guerres qu’a connu le Tchad ont fait de lui un
pays dépourvu de
toute innocence. Des cœurs déchirés ne pouvaient
plus conserver cet
amour. La génération nouvelle que nous sommes,
doit s´unir pour la réconciliation et la reconstruction. Nous ne sommes ni
nordistes, ni sudistes ; nous sommes
Tchadiens, liés par une fibre de fraternité.
Nous sommes condamnés à vivre ensemble dans ce pays: en un mot, nous sommes le
Tchad et le Tchad est né de
chacun de nous.
U pour les Us et coutumes qui
asservissent la femme tchadienne
Cette question me fait penser à Mahassine, –une
amie de cœur et
d’esprit-, qui me dit que la femme tchadienne
n’est libre que dans les
discussions du salon, les colloques et les
conférences. Dans les
réalités quotidiennes, la Tchadienne est ignorée
et marginalisée. C’est
une vérité. J’encourage le combat de
l’émancipation de la femme car
elle est l’âme de la Nation, mère de tous nos
espoirs. Toutefois, c’est un
grand devoir de respecter nos us et coutumes et
les garder jalousement comme notre
patrimoine. La femme est l’avenir d´un peuple et elle doit s’exprimer
et jouer dans ce que serait le devenir de
l’humanité.
D de la démocratie tchadienne, ...
Depuis l´aube de l’indépendance, les régimes se
succèdent
et chacun d’eux a oppressé le peuple. Ce peuple
est, je le vois bien, condamné au silence, mais vibrant d’espoir, de révolte et
d’aspiration à la justice. Aujourd’hui, nous
ne vivons pas dans la
démocratie car nous sommes privés de toutes nos
libertés. Tous les
compatriotes qui réclament un changement sont à
l’extérieur du pays et
leur voix n’est pas écoutée, le Tchad est sourd
et la France a choisi de faire la politique de l´autruche.
Exode de la jeunesse africaine c´est,
une perte pour le continent et je le déplore
comme tout Africain qui rêve d’une Afrique meilleure culturellement et politiquement. Certains africains rêvent
d’un eldorado et se lancent à la conquête de ces
continents qu´ils jugent meilleurs y vivre. D’autres, souvent artistes et
intellectuels, qui
n’ont pas de tribune pour exprimer leur talent, s’exilent
là où ils
pourraient penser et créer librement et en
paix. Comme solutions envisageables, il faut trouver les moyens de nous adresser courageusement aux
régimes qui
oppressent les jeunes talentueux.