La pétition de la
renaissance
J´ai toujours dis que le Tchad est pays merveilleux dans lequel il fait
beau vivre. Et on m´a pris pour une qui hallucine pourtant, c´est une vérité
démontrable. Sous ce ciel tchadien tout est si paisible et la démocratie régné
en commun avec la dictature. Pendant que la monarchie et la présidence se
partagent un palais sans s´escrimer. C´est notre Tchad de la Renaissance. J´avoues que j´aime nos ministres de la X République.
Je ne sais plus combien de fois la Constitution tchadienne a été changée depuis
1990. Raison pour laquelle je ne peux sous la quantième République nous vivons.
Ils ont une de ces énergies et la rapidité d´un Jesse Owen, ce sprinteur noir
qui démenti les théories de la supériorité de la race aryenne aux JO de 1936
sous l´œil d´un Hitler confondu, lorsqu’il s´agit d´exécuter les prérogatives
de la Renaissance.
Dans ce Tchad renaissant, la démocratie est une vertu que les droits
élémentaires comme la grève sèche, écrire les pétitions ou en signer sont
d´office accordé. Mais attention il y´a une exigence : le contenu doit
être au millimètre près un éloge sinon gare au jugement de la
Renaissance : un jugement expéditif taillé sur mesure par des magistrats
commis d´office. Ils le taillent mieux que ces couturiers sénégalais écumant
les rues de notre capitale taillent leurs boubous. Mais cela ne gêne point car
les leaders religieux sont là pour amener le reste des grévistes à reprendre le
travail, oublier la souffrance et s´échiner de nouveau pour enrichir une classe
de nouveaux parvenus. Quoi de tel que d´honorer les textes sacrés «heureux
les pauvres car ils verront Dieu» : qui de nous n´aimerait pas
voir Dieu et lui exposer entre quatre yeux ses problèmes personnels, lui
demander pourquoi il ne l´a pas fait naître dans une telle ou telle autre
famille. Ces familles dans lesquelles on change les voitures en fonctions de l´habit
que l´on a porté. Car il faut marier les couleurs. Alors quel que soit la faim
qui les tenaille, les fonctionnaires reprirent le travail en prenant soin de
travailler les questions à poser à Dieu lors de cette future rencontre. Ou encore,
«si
une partie du corps est la cause du péché, il faut l´arracher et le jeter loin
de soi». La partie ici, ce sont deux syndicalistes. Les frontmans que
l´on vient de condamner. La tête pensante du syndicalisme tchadien. Je parle du
vrai et non de certains qui ne sortent que pour remercier Son excellence
monsieur le Président pour l´augmentation du salaire de 15% alors que le sac du
mil a connu depuis belle lurette une hausse de 200% du prix normal.
Les grévistes tchadiens en rédigeant leur motion de protestation ont oublié
la règle élémentaire, la louange à monsieur Son Excellence le Président en
prélude de toutes revendications, le rappel de tous les investissements couteux
dont les grands chantiers et les logements aux murs fissurés avant la réception
officielle des clés. Mais la grande maladresse de nos syndicalistes fut celle
d´oser balancer leur texte à ces journalistes qui, s´empressèrent de publier
cette pétition sans la soumettre pour correction au très Haut ministère de
la communication. Pareille crime de lèse-majesté; on ne peut que les condamner.
Nous sommes dans une démocratie où, aucun journaliste n´est dans le collimateur
de la justice. Exact. Alors avant que ces journalistes commencent à se la jouer
bling-bling, il faut les condamner. Au mieux, fermer leurs journaux. Voilà en quintessence
ce qui se passe dans ce Tchad. Je crois qu´il est temps que je ferme ma bouche avant
qu´on ne me colle un outrage à la nation avec une interdiction de séjour au
pays.
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