Je veux juste vous parler
d´une réalité africaine qui persiste encore dans le Tchad moderne, aux confins
des villages reculés : le lévirat. Une pratique qui tire sa source des temps
bibliques et dont certains religieux pour ne pas dire louvoyeurs d´héritages
défendent encore bien.
L´idée de cet article est née d´une de nos nombreuses discussions nocturnes
une amie et moi. Elle s´inquiétait pour
son père qui, à la fin des funérailles de son grand frère devrait selon la
coutume s´occuper des femmes de ce dernier ; entendez par là, en prendre au
moins la plus jeunes pour épouse. Or connaissant son père en chrétien moderne
et médecin, il refusera au risque de s´attirer la colère des gardiens de la
tradition. On était sûr qu´il dira non, mais on craignait aussi pour lui et les
conséquences pour sa famille resté à N´Djaména. Surtout sa femme que la famille
taxera d´égoïste refusant de partager son homme. À la fin de la conversion, je
pensais à cette femme de trente ans à l´époque, Marie. Elle venait aussi de
Pala cette ville du Sud-Ouest du Tchad.
Si la raison première est de conserver le nom du défunt par le moyen des
enfants qui naitront de sa femme et qui, porteraient son nom ; la seconde est
la plus importante est de maintenir les héritages dans la même famille et dans
la même tribu. Et ici se trouve la véritable raison. Car la réalité a montré
que très peu de beaux frères s´occupent vraiment de la femme et des enfants de
son frère défunt.
Au Tchad, le lévirat se pratique encore chez les Moundangs torrock où, j´ai
rencontré Marie qui fut obligée de marier en seconde noce le fils de son mari.
À une certaine époque, les Dayes le pratiquaient aussi. On épouse un enfant
qu´elle a vu jouer dans la boue, courir en culotte et se moucher avec le dos de
la main pour finir par les essuyer dans son pagne à elle. Un enfant qui
jusqu´au décès de son père l´appelait encore maman. Elle finit par se résigner
lorsque ces parents s´opposèrent à son refus. «
Mon père a promis me renier si
jamais je ne suivais la coutume. Mais comment épouser le fils aîné de mon mari
qui est comme un fils pour moi ? Je n´avais le support de personne. Voici
comment je suis devenue un bien communautaire transmis sous forme de legs.»
Ainsi le premier fils du défunt hérite de la femme de son père. Il conçu un
enfant avec elle. Et pourtant, durant la période marquant la vie de son père,
sa seconde épouse constituait une seconde mère pour lui.
Certaines traditions évoquent la seule mesure de protection sociale de la
veuve qui serait sans ressource. Parlant alors de cette protection, on a vu des
cas de lévirat où, la belle-famille l´a voulu parce que la veuve ne devrait pas
être seule l´héritière du défunt mari. Il faut alors lui imposer le beau-frère
comme second époux afin que les biens restent dans la famille. Ainsi l´argument
socio-humanitaire qui revient souvent dans les discussions n´est pas valable
si, on tient compte du nombre impressionnant de décès dus à l’infection dû au
VIH/SIDA, on peut bien se demander comment des unions de ce genre sont encore
acceptées au mieux encouragées voir exigées lorsqu´on ne sait pas de quoi est mort
le grand frère. On sait qu´ il rare qu´une famille admette que son fils est
mort de VIH parce que vu jusque-là comme une maladie honteuse. Ainsi on accepte
quand même de léguer la femme sans un test de dépistage au prochain candidat au
mariage. On donne à la veuve requiert le
statut d´objet, un bien du lignage et donc une propriété de la société qui l'a
acceptée et est déléguée à une autre personne comme outil de reproduction. La
veuve est une valeur sociale et conforte un certain prestige social au frère
qui la prend en secondes noces.
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