samedi 7 décembre 2013

La Centrafrique interpelle

La RCA est sombré dans un génocide qu´on refuse d´admettre. Le conflit centrafricain est devenu religieux. De loin, on peut très mal écrire pour dénoncer quoi que ça soit. Je livre ici en intégralité la fusion de deux communiqués de la Chancellerie de l’Archevêché de Bangui qui l´atteste des atrocités de ce conflit. Comme quoi tout Tchadien n´est pas Séléka comme les vidéo tourna sur le web le montre. On compatit avec le peuple centrafricain. Il faut avoir vécu un février 2008 à N`Djaména pour savoir ce que cela veut dire vivre sous des tirs nourris de canons et être pris entre deux feux. Les centrafricains sont eux victimes de tout part quelque soit leur appartenance socioreligieuse.
 » ENCORE DES VIOLENCES, C’EN EST TROP !!!
Certaines paroisses dont Notre Dame d’Afrique ont été victimes directes des affres de violences des éléments de la seleka, d’autres comme SaintPierre de Gobongo, SaintJean de Galabadja, Saint Bernard de  BoyRabe, Saint Charles Lwanga de Bégoua ont reçu des menaces d’attaque. Ces violences ont endeuillé plusieurs ménages : la population civile compte un nombre élevé parmi les victimes. Des chiffres sont avancés :85, 105, 130, voire plus. Une chose est sûre : l’on n’a pas fini de découvrir et de compter les morts ; encore qu’on apprend que des représailles menées par la séléka contr la population non­‐musulmane sont en cours dans la quasi-totalité des quartiers de la capitale; et que les anti­balaka sont encore dans Bangui et ses environs. Alors que la nuit couvre de son manteau noir la Centrafrique, une nuit des longs couteaux est certainement à craindre. Nous espéronsque  l’adoption par le Conseil de sécurité de du projet  de résolution autorisant les troupes d’intervention africaines et françaises à recourir immédiatement à la force, ainsi que la décision à l’issue du Conseil Français de Sécurité d’intervenirdès ce soir, vont être suivies d’effets bénéfiques pour l’inoffensive population centrafricaine qui n’a que trop souffert…
Toute la nuit jusqu’{ la cessation du couvre feu, des tirs sporadiques sont signalés dans certains quartiers de Bangui, des corps sont découverts du côté de Fatima, Bimbo, PK 15 sur la route de Boali, Boïng, Kattin, et j’en passe. Des opérations de représailles et de pillages de la population non musulmane par les éléments de la seleka encore en cours ont doublé d’intensité à Boy-Rabe, Fouh, Gobongo, PK 10, PK. 11, PK 12… La pluie qui s’abat sur Bangui et ses environs depuis l’aube jusqu’en fin de matinée n’a aucunement constitue un empêchement pour ces détracteurs sans foi ni loi des paisibles habitants de Bangui.
Aujourd’hui, entre 12h00 et 13h00, je me suis rendu { la base des FOMAC de MPOKO dans le but de trouver un couloir permettant de faire sortir les scouts, les guides et les pèlerins restés bloqués à NGUKOMBA encourant le risque de passer pour cibles des représailles. Quelles atrocités n’ai-je pas vues le long de la route de la Cathédrale à Combattant :  plus de trente corps sans vie d’hommes, de femmes et d’enfants qui gisent au sol, quelques uns à proximité des éléments de la seleka en faction ; les rues, les routes et les marchés sont déserts.
Les informations reçues en début d’après-midi m’ont fait comprendre que mon constat ne représente que la partie visible de l’iceberg. Beaucoup de morts jonchent les sentiers et les coins des rues de presque tous les quartiers de Bangui et ses environs.
Pour exemples :
 le quartier Boeing situé { proximité de l’aéroport Bangui-MPOKO en a recensé une quarantaine ; tandis qu’{ Bégoa où l’un des chefs de quartier est assassiné ce matin avec ses enfants, tous disent qu’il y a eu trop de morts ;
 la vie des gens restés terrés à la maison est en danger ;
 les personnes ayant trouvé refuge dans les structures d’église ne sont pas { l’abri des balles pour le moins, sinon des attaques des éléments de la seleka qui infiltrent même ces structures. C’est le cas aujourd’hui de ceux de la paroisse Saint Bernard de Boy-Rabe et du Monastère Notre Dame du Verbe où l’on dénombre déjà trois (3) décès parmi les personnes qui y ont trouvé refuge : l’un suite à un arrêt cardiaque, les deux autres après avoir reçu des balles ; c’est également le cas de la paroisse Saint Charles Lwanga de Bégoa et l’église protestante des Castors.
Pour revenir au dernier exemple, l’église protestante des Castors a accueilli plus de mille personnes. Dans la soirée d’hier, cette église a reçu des menaces d’attaque en raison de la mobilisation des jeunes de la localité lors des manifestations de protestation qui ont suivi l’assassinat par la seleka du magistrat BRIA. Aujourd’hui, un colonel de la seleka nommé BICHARA et ses éléments ont fait irruption dans cette église et ordonné que seuls les femmes et les enfants sortent, les hommes devant rester. Les hommes n’y obtempèrent pas et se décident à sortir en même temps que les femmes et les enfants. C’est alors que la seleka a ouvert le feu sur eux, tuant cinq hommes.
A voir toutes ces atrocités commises et le sang-froid de ceux qui impunément les commettent, l’on est en droit de s’interroger sur le sens humain de ces détracteurs sans foi ni loi des paisibles habitants du Centrafrique. Si tant est qu’ils n’ont d’égard ni pour les vivants ni pour les morts, c’est { se demander si la vie humaine a une valeur à leurs yeux. Nous avons appris des aînés que la personne humaine doit être respectée, qu’elle soit vivante ou morte. Plus que les vivants, les morts méritent respects et honneurs. La mort ? Ça se célèbre.
Interrogée sur les raisons de ces morts qui jonchent les routes et rues de la capitale, la Croix-Rouge répond :
 Pas de couloir pour permettre la circulation des agents,
 Pas de véhicule pour déporter les agents et transporter les morts,
 Enterrement de la plus part des victimes aux abords des routes et rues où elles sont trouvées.
L’on s’aperçoit que sans moyens et possibilités, la Croix-Rouge se démène pour aider. N’empêche que cela ne va pas sans corolaires :
 des parents considèreront comme disparus certains des leurs qui de fait sont morts et inhumés,
 des familles seront dans l’impossibilité de célébrer certains de leurs morts parce qu’ils ne connaissent ni la date de leur décès, ni le lieu de leur inhumation,
 la pollution des espaces vitaux à cause des inhumations dans les villes, villages et quartiers non indiqués à cet effet,
 la psychose { l’idée qu’on a certainement (bien ou mal) inhumé quelqu’un proche de chez soi…
La crainte que je nourrissais hier comme premier responsable du site du Sanctuaire Marial de NGUKOMBA au sujet des scouts et des guides, ainsi que quelques pèlerins déployés sur le site susceptibles de passer pour cibles des représailles est en passe de trouver une solution.
Nelson Mandela dont le décès survenu hier à ravi la vedette sur le plan médiatique à la situation pré-génocidaire en Centrafrique a laissé une assertion qui doit interpeller les partis en conflit, faiseur du malheur des Centrafricains : «Personne n’est né en haïssant une autre personne à cause de sa couleur, de sa culture ou de sa religion. La haine doit être apprise. Mais on peut aussi apprendre l’amour. Et l’amour vient plus naturellement { l’humain que la haine.»
Au crépuscule de ce jour, des avions certainement français ont survolé le territoire centrafricain, cela en appoint aux patrouilles franco-africaines intenses depuis la matinée. Nous en attendons les effets bénéfiques pour l’inoffensive population centrafricaine qui se meurt…
Abbé Dieu-Béni MBANGA
Chancelier de l’Archidiocèse de Bangui « 
La France intervient depuis jeudi soir déjà. Mais devrait-on en arriver là? Bientôt on commémorera les vingt ans du génocide rwandais. Doit-on le célébrer de la sorte avec un autre conflit d´une telle envergure dans un autre pays africain? Nos chefs d´Etats ont-ils la mémoire si courte? Il est temps de comprendre que le miracle pour conserver un pouvoir c´est d´établir une justice équitable pour toutes les couches de la population et pourvoir au besoin élementaire des administés. Le temps où, on donnait un peu de pain, un peu d´eau et beaucoup de jeux aux peuples est révolu.

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