C´était un Après-midi de décembre. L´atmosphère était à la fin des classes.
On rêvait du père noël et de son prochain cadeau même si à cet âge on a compris
il y´a belle lurette que ce gentil bonhomme habillé de rouge et blanc n´est qu´un
mythe. On rêvassait quand même de ses cadeaux. Je rangeais mon casier. Je
sentis une ombre sur moi. Levant les yeux, j´aperçois Gine. D´un œil incrustateur,
elle m´annonce que tu voulais me voir.
- - Akim
veux te voir le jeudi dans l´après-midi à 16 heures me dit-elle.
- - Ok,
et où ? fis-je d´un air dubitatif. Je ne voulais laisser transparaître mes
interrogations. Je scrute ma
mémoire sous les yeux interrogateurs de Sera. Son regard traduisait ses
soupçons. Où fut le seul mot que je puis encore exprimer?
- - Il
t´attend chez lui bien sûr, rétorque-t-elle
-
Je
ne sais où il habite réponds-je très calmement. J´aurais voulu rajouter que le
nom ne me dit rien. Mais
je le garde pour moi.
Elle m´orienta. Trois jours plus tard je frappe à ta porte. Curieuse de
voir cette personne qui se voile sous ce nom d´Akim. Qu´elle ne fut ma surprise
lorsque tu m´ouvris tout sourire dévoilant tes dents blanches et cette tâche
brune qui les couvre partiellement. Je retiens mon souffle. Je m´efforce pour
paraître naturelle que possible. C´était donc toi le mystérieux Akim qui a
cherché à me voir. Je réponds à ton bonjour et m´assis sur le fauteuil que tu
me présentas. Tu me servis un verre d´eau avant de prendre place dans l´autre
fauteuil bien en face de moi. Un coup d´œil rapide dans le salon m´indique que
tu m´attendais. Tout était si soigneusement rangé, ordonné. Je me demandais
encore si bien la raison d´une telle sollicitation lorsque tu me sortis de mes
pensées pour m´annoncer que tu voulais m´inviter à danser au bal. Je réussis à
cacher ma surprise et ma joie. Ma timidité m´aidant bien. Je me sentais
hypnotisée par le timbre de ta voix et
tu en jouais de tes charmes. Puis nous échangeâmes quelques civilités et je
décidais de partir. Je me levais lorsque, tu te plantas face à moi, plongeas
ton regard dans le mien. Je choisi de baisser ma tête tant j´avais honte de je
ne sais quoi. Peut-être ce regard intense. Ta main anticipa mes mouvements. Tu
me soulevas la tête, planta un court instant tes yeux dans les miens puis, tu
m´attiras à toi, et m´embrassa. Tu écartas ta bouche te chercha mon regard. Je
baissais la tête de nouveau, la tournais légèrement. Ce qui t´amusa encore plus.
- -Dis-moi
à présent que tu me hais dis-tu espiègle.
- -Je
ne pourrais te haïr répondis-je.
Tu souris. Planta ta main dans ta poche et me tendis mon billet d´entrée.
La semaine passa très vite. Il y´eu la soirée, ces danses. Ton regard que
tu ne peux dissimuler. Tu trouvais mon
habillement provoquant. Oui, j´avais dégoté une robe au fond d´une boutique,
elle était jolie, sexy selon ma copine. Trois heures d´horloges suffirent à ma
copine pour transformer mes cheveux en de belles nattes. Une touche de cirage à
mes sandalettes noires aux talons pointus. Un voile de parfum agrémenta le
tout. Ce long et profond regard qui descendit le long de mon corps me rassura
sur ma toilette.
Nous nous revîmes souvent et autant de fois, comme tu le souhaitais. Tu
m´appris beaucoup de choses. Celles que je savais et celles dont j´ignorais.
Celles qui étaient légales et les interdites. J´apprenais l´existence d´un monde
dont je me suis jusque-là interdite. Tu me montrais les limites de ma personne
en repoussant les frontières de mes émotions tues.
En réalité, cette première expérience est très personnelle avec cette incertitude, sa dose de curiosité, la
pincée d'excitation et la grande panique. C´était à la fois éblouissante et
mémorable. Six mois passèrent après cela avec de nombreuses visites, on se
découvrit petit à petit. Mon inexpérience t étonnait et te séduisait en même
temps. On s´ouvrait l´un à l´autre. Puis il y´eut la première fois. Cela n´a point
du tout fait mal. Tu étais doux mais impatient. Je te désirais mais je tenais à
ma noblesse. Tu as su me convaincre, m´amener à toi avec classe, tact et
subtilité. Je me suis donnée. La rencontre de deux castes et de deux âmes
différentes vient d´avoir lieu. L´amour est ce monde où, les classes, les
castes, les échelles et le subdivisions sociales n´y entre pas. Désormais
j´ajustai mes rêves de fille à ton style de vie tel que tu me proposas :
je viens de tronquer ma raison contre des illusions. Je connais ta situation,
je l´admets ce n´est pas optimale à ma vision mais j´étais en ce moment éblouit
par la passion que je portais pour toi. Et en mon fort intérieur je refuse
délibérément de combattre avec ma raison, cette petite voix en moi qui me soufflait
toujours les bonnes décisions. Mon cœur avait décidé il y´a longtemps de
désobéir à son fidèle allié. Je venais d´être enfermée à jamais dans ta prison.
Oui, t´avoir aimé fut ma prison.
( Le titre original de cet extrait de nouvelle est: si t´aimer est un calvaire)
Propriété privée de Réndodjo Em-A Moundona, tous droits réservés
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