lundi 11 juin 2012


Terre promise : nul n´entre s´il n´est d´Israël

Des émeutes racistes à Tel-Aviv fin mai. Un immeuble du centre de Jérusalem incendié dans la nuit du 3 au 4 juin avec tentative d´assassinat des résidents. D´inscriptions tel que «Dégagez du quartier» sur les murs. Les Israéliens ou Israelites, selon la connotation que vous y donnerez, ne tolèrent plus les 62.000 immigrés africains vivant sur son sol.
              Manifestants à Tel-Aviv. Crédits photo : RONI SCHUTZER/AFP

Cet afflux de réfugiés préoccupe de plus en plus les autorités de l’Etat hébreu. Les dirigeants israéliens se montrent de plus en plus non diplomatiques lorsqu´il ne basculent pas eux-mêmes dans le jeu de la population ou tirent les ficelles dans l´ombre comme le Likoud, parti du premier ministre Israélien ayant appelé à une manifestation contre les immigrés. D´autres hauts responsables ne manquent pas d´amalgames quand il s´agit de stigmatiser les étrangers. Ils ne se gênent que peu quand ils les présentent comme des délinquants en puissance ou le cancer proliférant dans le corps des Hébreux: Voleurs, violeurs, transmetteurs de VIH à la population locale... Liste exhaustive. Rumeurs sans preuve parfois. Seul 40 pour cent des procédures judicaires mettent en cause les étrangers en général vivant sur notre sol répondra un policier israélien sous anonymat.
Pourtant, «il est évident que les gens, tous d’origine africaine, habitant ici étaient la cible de cette incendie» affirme  le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou de condamner ces violences, tout en annonçant la construction d´une clôture de 250 kilomètres qu'Israël le long de sa frontière avec l'Egypte, le renvoi des clandestins dans leurs pays d'origine.
L´Antiafricanisme
Déjà le 20 mai passé, le Premier ministre a regretté la présence des migrants africains sur le territoire en déclarant: «le phénomène de l'infiltration illégale à partir de l'Afrique est extrêmement grave et menace les fondements de la société israélienne, la sécurité nationale et l'identité nationale». Trois jours plus tard, dégénérait en violences racistes, une manifestation à Tel-Aviv. Trois députés siégeant à l´Assemblée étaient aussi des manifestants. Saccage et pillage des magasins tenus par des Africains et jets de pierres en direction de voitures transportant des étrangers. «Nous voulons l’expulsion des Soudanais» ou encore «Infiltrés, sortez de nos maisons».
Le dimanche 3 juin, une loi entrée en vigueur et prévoit jusqu'à trois ans d’emprisonnement pour les immigrés clandestins (agence Reuters). Dans la même nuit, une main aux intentions criminelles brûlait un immeubles d´immigrés. Pendant que le Premier ministre presse son gouvernement d´accélérer le processus d’expulsion des exilés et proposait de sanctionner tout Israélien employant un immigré clandestin. Or la grande partie de ces clandestins d´Israël sont d´Erythrée, du Soudan du Sud et des Ivoiriens. Des personnes fuyant la guerre. Taxer ces différentes lois d´antiafricanisme, ou antinégrisme bien que ce mot n´existe pas, ne serait pas un abus des mots. Car il faut se l´avouer c´est cette peau noire, cramée, basanée, sombre ou appelé comme vous voulez, qui dérange.

Une prison pour les gens d'Afrique
 La nouvelle barrière entre l´Egypte et l´Israeel (Source Tribune juive)
Selon The Guardian, Israël est en train de construire le plus grand centre de détention pour demandeurs d’asile et réfugiés au monde pouvant contenir plus de 11.000 personnes. Un centre moderne avec en son sein des librairies, des enseignants, des garderies, des terrains de basket et plusieurs salons de coiffure, d´après le ministère de la Défense. Or l´omniprésence de ce ministère derrière les travaux fait tout de suite penser à la construction d´une prison, au mieux un centre de concentration.
Et, simple coïncidence ou acte réfléchi, l´édifice jaillira près de l´ancien site d´une prison. Situé dans le Néguev, Ktzi’ot était une prison où on a détenu des prisonniers palestiniens lors de la première Intifada. Le coût du centre de demandeurs d´asile; plus de 70 millions d'euros. Il recevra ses 3.000 premiers migrants d’ici la fin de l’année 2012. Tout comme Amnesty Israël, bien d´autres ONGs de droits de l´Homme ne sont pas convaincues de la bonne intention de l´Etat hébreu. Seul 170 personnes se sont vues accorder le statut de réfugié depuis 1949. 3 en 2010, et 6 en 2011.
Dérive populaire et xénophobe
Qu´un ministre de l'Intérieur réclame l´expulsions de clandestins est tout à fait normal. Mais que ces migrants illégaux soient, à 85%, originaires de la corne de l´Afrique et du Sud Soudan toujours en guerre; relèverait d´un crime. Pourtant Eli Yishai, du parti orthodoxe séfarade Shass, a réclamé leur arrestation «dans des centres de détention puis les renvoyer chez eux, car ils viennent prendre le travail des Israéliens et il faut protéger le caractère juif de l'État d'Israël». Voilà toute la quintessence de cette dérive raciste organisée et soutenue par les dirigeants hébreux. Le primat des valeurs juives et sionistes sur les droits de l´Homme. Qui à animer des dérives xénophobes au effluve nationaliste. Israël est une nation qui vient de loin. Que l´on veuille protéger cet acquis est totalement légitime. Mais avant de prendre certaines décisions, Israël doit regarder ses survivants de l´Holocauste dans les yeux sinon les excuses ne suffiraient plus. À moins que le back to Africa prôné soit une vision diplomatique uniligne seul profitable au Sionisme.

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