Terre promise : nul n´entre
s´il n´est d´Israël
Des émeutes racistes à Tel-Aviv fin mai. Un immeuble du centre de Jérusalem
incendié dans la nuit du 3 au 4 juin avec tentative d´assassinat des
résidents. D´inscriptions tel que «Dégagez du quartier» sur les murs. Les Israéliens
ou Israelites, selon la connotation que vous y donnerez, ne tolèrent plus les 62.000
immigrés africains vivant sur son sol.
Manifestants à Tel-Aviv. Crédits photo : RONI SCHUTZER/AFP
Cet afflux de réfugiés préoccupe de plus en plus les autorités de l’Etat hébreu. Les dirigeants
israéliens se montrent de plus en plus non diplomatiques lorsqu´il ne basculent
pas eux-mêmes dans le jeu de la population ou tirent les ficelles dans l´ombre
comme le Likoud, parti du premier ministre Israélien ayant appelé à une
manifestation contre les immigrés. D´autres hauts responsables ne manquent pas d´amalgames
quand il s´agit de stigmatiser les étrangers. Ils ne se gênent que peu quand ils
les présentent comme des délinquants en puissance ou le cancer proliférant
dans le corps des Hébreux: Voleurs, violeurs, transmetteurs de VIH à la
population locale... Liste exhaustive. Rumeurs sans preuve parfois. Seul 40 pour cent
des procédures judicaires mettent en cause les étrangers en général vivant sur
notre sol répondra un policier israélien sous anonymat.
Pourtant, «il est évident que les
gens, tous d’origine africaine, habitant ici étaient la cible de cette incendie»
affirme le porte-parole de la police,
Micky Rosenfeld. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou de condamner
ces violences, tout en annonçant la construction d´une clôture de 250
kilomètres qu'Israël le long de sa frontière avec l'Egypte, le renvoi des
clandestins dans leurs pays d'origine.
L´Antiafricanisme
Déjà le 20 mai passé, le Premier ministre a regretté la présence des
migrants africains sur le territoire en déclarant: «le phénomène de l'infiltration illégale à partir de l'Afrique est
extrêmement grave et menace les fondements de la société israélienne, la
sécurité nationale et l'identité nationale». Trois jours plus tard, dégénérait
en violences racistes, une manifestation à Tel-Aviv. Trois députés siégeant à
l´Assemblée étaient aussi des manifestants. Saccage et pillage des magasins
tenus par des Africains et jets de pierres en direction de voitures
transportant des étrangers. «Nous voulons
l’expulsion des Soudanais» ou encore «Infiltrés, sortez de nos maisons».
Le dimanche 3 juin, une loi entrée en vigueur et prévoit jusqu'à trois ans
d’emprisonnement pour les immigrés clandestins (agence Reuters). Dans la même
nuit, une main aux intentions criminelles brûlait un immeubles d´immigrés. Pendant
que le Premier ministre presse son gouvernement d´accélérer le processus
d’expulsion des exilés et proposait de sanctionner tout Israélien employant un immigré
clandestin. Or la grande partie de ces clandestins d´Israël sont d´Erythrée, du
Soudan du Sud et des Ivoiriens. Des personnes fuyant la guerre. Taxer ces différentes
lois d´antiafricanisme, ou antinégrisme bien que ce mot n´existe pas, ne serait
pas un abus des mots. Car il faut se l´avouer c´est cette peau noire, cramée, basanée,
sombre ou appelé comme vous voulez, qui dérange.
Une prison pour les gens d'Afrique
La nouvelle barrière entre l´Egypte et l´Israeel (Source Tribune juive)
Selon The Guardian, Israël est en
train de construire le plus grand centre de détention pour demandeurs d’asile
et réfugiés au monde pouvant contenir plus de 11.000 personnes. Un centre
moderne avec en son sein des librairies, des enseignants, des garderies, des
terrains de basket et plusieurs salons de coiffure, d´après le ministère de la
Défense. Or l´omniprésence de ce ministère derrière les travaux fait tout de
suite penser à la construction d´une prison, au mieux un centre de
concentration.
Et, simple coïncidence ou acte réfléchi, l´édifice jaillira près de l´ancien
site d´une prison. Situé dans le Néguev, Ktzi’ot était une prison où on a
détenu des prisonniers palestiniens lors de la première Intifada. Le coût du centre de demandeurs d´asile; plus de 70 millions d'euros. Il recevra
ses 3.000 premiers migrants d’ici la fin de l’année 2012. Tout comme Amnesty
Israël, bien d´autres ONGs de droits de l´Homme ne sont pas convaincues de la
bonne intention de l´Etat hébreu. Seul 170 personnes se sont vues accorder le
statut de réfugié depuis 1949. 3 en 2010, et 6 en 2011.
Dérive populaire et xénophobe
Qu´un ministre de l'Intérieur réclame l´expulsions de clandestins est tout
à fait normal. Mais que ces migrants illégaux soient, à 85%, originaires de la corne de
l´Afrique et du Sud Soudan toujours en guerre; relèverait d´un crime. Pourtant Eli
Yishai, du parti orthodoxe séfarade Shass, a réclamé leur arrestation «dans des centres de détention puis les
renvoyer chez eux, car ils viennent prendre le travail des Israéliens et il
faut protéger le caractère juif de l'État d'Israël». Voilà toute la quintessence
de cette dérive raciste organisée et soutenue par les dirigeants hébreux. Le primat
des valeurs juives et sionistes sur les droits de l´Homme. Qui à animer des
dérives xénophobes au effluve nationaliste. Israël est une nation qui vient de
loin. Que l´on veuille protéger cet acquis est totalement légitime. Mais avant
de prendre certaines décisions, Israël doit regarder ses survivants de
l´Holocauste dans les yeux sinon les excuses ne suffiraient plus. À moins que le
back to Africa prôné soit une vision diplomatique uniligne seul profitable au
Sionisme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire