«On ne peut se défaire de
l´endroit d´où l´on vient»
Sources orteilsenvadrouille.free.fr |
Je repensais donc à ce moment où, posant les pieds sur la passerelle de
l´avion de la compagnie Air Maroc, je me questionnais sur ce qui allait être
mes nouvelles relations avec l´Afrique. Sur ce qui allait être ma désormais
lointaine relation avec ma famille et surtout ma relation avec mon père. Ce
père que j´ai beaucoup aimé comme toute petite fille. Rien n´a voir avec le
fameux complexe d´Œdipe. Car moi j´ai aussi aimé ma mère. Et je l´aime
par-dessus tout. Ce père que la vie a fini par nous distancer l´une de l´autre.
Ce père dont les turpitudes des traditions ont fini par m´en écarter à jamais.
Pour lui, j´étais une enfant étrange qu´il ne comprenais plus. Une bête enfant
qui ne sait ce qu´elle veut; lorsqu´il ne m´attribue point ce surnom de «sociologue qui veut changer le monde».
Ou plutôt son monde aux traditions que je qualifie d´hypocrites : mariage
en famille, cette l´officialisation de l´inceste au nom des raisons aussi
tordues que futiles. La dot extrêmement élevée ou l´arnaque financière. Des
vieux pères qui comptent sur leurs nombreuses filles pour s´enrichir sur le dos
des jeunes hommes.
Mais mes pensées s´envolaient aussi vers toi, ma mère. Toi dont j´ai privé
de l´orgueil de toute mère africaine se séparant de sa fille. L´orgueil de
toute mère africaine regardant sa fille quitter ce continent aussi sombre que ses
nuits noires dans lesquelles, les gouvernants repus des frais du contribuable
dont ils gèrent comme leurs biens, tissent les liens de leurs réseaux obscurs
et mercantiles où les décrets se signent entre deux rasades de liqueurs. Oui je
t´ai privé de l´occasion privilégiée de toute mère de se faire envier par ceux
qui l´écoute administrer les derniers conseils à sa fille au pied de la
passerelle. Conseils dont le seul but est de se faire voir elle, la belle-mère
de l´Européen. Tant Dieu sait que les réalités d´outre-mer sont différentes
qu´aucune femme ne se gênerait si le mari doit aider à faire le ménage. Hélas,
je t´ai refusé toute cette parodie théâtrale. Ma foi, je n´aimes pas les mises
en scène. Oui, comment ne pas te retrouver dans cet instant précis de ma
pensée ? Tu es toujours bien là et tu le resteras. Toi mon héroïne. Toi,
symbole de toute une histoire. Celle d´un pays livré aux d´une bandes de
dinosaures plus préoccupé par leurs ventres et leurs bas ventre que par une
meilleure répartition des bien d´un pays, la justice et la cohésion sociale. Qui
pourrait bien oublier ces années de guerre civile, l´Exil pour les uns, car toi
tu refusas de partir loin de ta patrie, l´Exil dû à l´élimination des cerveaux
sudistes ou septembre noir. Et comme la famine suivant souvent la guerre, tu
devrais affronter seule avec quatre enfants la sécheresse des années 1984. Qui
de nous tes quatre filles oublierait tes nuits blanches sous les lanternes de
Kété Gala (petit marché)? Oui tu devins vendeuse de tourteaux d´arachide pour
le besoin parce que dépouillée par la belle famille du peu que ton mari t´a
laissé. Toi une institutrice. Tu quittais toujours le trottoir à vingt-trois
heures pour aller le matin à sept au cours. Pourrait-on décrire la fatigue avec
laquelle tu luttais cinq heures durant en te tenant sur tes pieds et
t´égosillant le plus fort possible pour te faire entendre par ces élèves aux
ventres creux? Tout un souvenir. Des souvenirs qu´on ne peut s´arrêter de
ruminer le long de sa vie. Même si les remémorer nous fait toujours du mal.
Le titre de l´article est un extrait de l´Album "D´ici et d´ailleurs" de la chanteuse Soha
Le titre de l´article est un extrait de l´Album "D´ici et d´ailleurs" de la chanteuse Soha
Suite à une correspondance avec un ex-ami franco-gabonais, j'avais écrit ces mots:
RépondreSupprimer"Racines, roots…
A qui cela sert-il de vouloir à tout prix s’ accrocher à ses racines ? On ne devient pas un arbre mais un bonsaï ! On ne grandit pas. On ne s’ ouvre pas à l’ autre.
Ô peuple ! Je ne comprend pas ton attachement à l’ Origine, la tienne. Pourquoi devrait-on être fier d’ être issu de, né à, de telle descendance ? Avons-nous choisi ? Non ! Alors…"
Intégralité de l'article: http://chrissfreevoice.wordpress.com/2010/09/21/humanite/
Je ne sais que très peu d'où je viens... et je m'en moque ! Je suis d'ici et d'ailleurs...
Mais je sais où je vais: mon fils est métissé...