lundi 27 mai 2013

Flora (2)





Le temps que mon cœur prendra pour s'en remettre sera une éternité. Mais j´aurai appris de mes erreurs. Si la souffrance endurcie, je me dis qu'il n'y a aucune honte à pleurer. J´aurai besoin du temps pour que mon cœur se cicatrise, et reparte de plus belle. Je m´en sortirai. Je sais que ton retour me redonnera la vie, ma splendeur, ma joie. Mais je n´irais pas te courir après, m´agenouiller et mouiller tes souliers de mes larmes pour que tu me reviennes. L´amour est pour toi, à présent, le regard d´une autre, ses rires, ses déhanchements. Vas, je te t´en veux pas. Je t´ai aimé, je t´aime encore. C´est un don de soi. Je me suis offerte à toi. Aujourd´hui tu me refoules parce que tu le veux ainsi : j´oubliai. Tu avais ta vision, ton avenir, ton engagement, ta confrérie. Vous les gardiens du temple. Tu ne pourras qu´épouser qu´une issue de la caste des servantes des déesses. Cet ainsi, c´est ta vie qui a été tout tracé avant que tu ne sois né. Il n´y a plus entre nous, depuis un certain temps, la concordance des envies. Pourtant tu es tout pour moi, un amour, mon seul amour.

Ce soir encore je me remémore la première fois que je t´ai vu. C´était à la retraite de notre club. Le seul endroit où, nous le peuple pouvons vous approcher toi et ta caste. Tu étais le pianiste principal du groupe de musique. Je ne t´avais ni vu, ni entendu parler de toi  auparavant. Mais yeux se posèrent pour la première fois lorsque, l´ombre de ta stature me couvrit. Je levais les yeux et tu étais là, planté devant prêt à écouter ma voix. A peine avais-je fini le premier couplet que tu as classifié ma voix, tu es passé à la suivante. Plus tard dans l´après-midi, on se retrouvait autour de la danse. Tu avais voulu apprendre la danse des pays sar. Le saii. Tu étais au milieu du cercle que nous formions tous. Tu étais le centre d´attraction, l´objet d´attention de toutes les filles présentes. Au milieu de cercle qui se densifiait autour de toi, sous les applaudissements du groupe, tu suivais les instructions qu´elle te donnait. C´était la danse de  chez elle. Elle le sait. Elle te dictait des pas, tu les faisais, elle observait les régularités de tes mouvements, elle décidait de l´alternance de tes pas, leurs balancement, leurs successions. Tu le faisais si bien. Oui tu as si bien dansé et moi j´observais comme tout le monde, ébahie par tes prouesses. Accommodant tes pas aux rythmes des tam-tams, tu prenais corps avec la cadence. Quelle symbiose! Quelle beauté. Je parle de la beauté de tes gestes. L´élégance de tes mouvements. On entendait autour de toi que le claquement des mains. Puis, au bout d´un temps, elle se joint à toi au milieu du cercle. Elle se mit à danser. Tu t´arrêta un instant, le temps de battement d´un cils, tu l´observais puis, tu te mis aussi à faire comme elle. Les jeux d´épaules, les pieds. C´est le moment choisi par un groupe de cinq personnes pour se joindre à vous. Profitant de l´agitation, tu t´éclipsa tout sourire, loin de la danse qui devenait si bruyante, laissant derrière toi une foule de jeunes ivre de joie. Je ne te reverrais plus jusqu´à ce que sonne l´heure du départ.
On était prêts à embarquer. La voiture attendait déjà avec son moteur tout ronronant. Les garçons de la troupe s´étaient mis d´accord à la charger. Profitant de ce temps je décide de me retrancher au coin de la cabane qui a servi de cuisine de fortune. Je me cherche un endroit secret pour un moment d´intimité. Au détour de la courbe à l´angle de la case, on a failli se rentrer dedans. Surprise par ton apparition, je risque un sourire timide que tu réponds franchement avec un large rire mi- moqueur mi- amusé. Pour cacher ma gêne, j´improvise un compliment :
-         Oh, comme tu danses bien dis-je.
-         Merci répliquas-tu tout sourire.
Ce fut les seuls mots que nous échangeâmes. De là je ne t´ai plus croisé jusqu´au jour où, tu cherchas à me revoir. 

                                                           Propriété privée de Réndodjo Em-A Moundona, tous droits réservés



Et ce serait ici la fin dans un premier temps...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire