jeudi 5 septembre 2013

Discours d´une femme africaine


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Oh que je suis ravie d'être arrivé à cet âge merveilleux. Être à la fin d'une époque adulte et montant lentement mais sûrement vers mes quarante ans, quelle grâce divine. 31 ans, c´est l´âge où, mes projets familiaux et professionnels sont presqu´aboutis. Il est aussi cet âge où, mes attentes sont chaque jour énormes et diversifiées. Je ne veux point vous effrayer mais 31 ans est un âge terrible. On est à cheval entre la jeunesse dont on sort à peine et la maturité qui arrive. Je suis en train de me rendre compte que j´apprends très doucement à devenir qui je suis.
Je ne veux pas dire par là que c´est l´âge limite où l´on doit  déjà avoir construit sa vie, réalisé ses désirs, ses passions, et atteint ses objectifs. Non non non ce n´est point la fin de ma belle insouciante jeunesse même si désormais aucune erreur ne me sera pardonnée.  Je ne garantie pas pour autant la fin des shoppings actions, les nuits blanches de Skype, les chagrins d´amour, ... Personnellement je viens de souffler sur mes trente et une bougie mais je n´ai pas pour autant l´intention de changer. Ma naïveté de petite fille doit s´accommoder désormais avec le sérieux d´une femme accomplie. Je veux juste dire que le calme est venu m´habiter et cela m´a rendu un peu différente de la Em-A que vous connaissez. A présent je me suis plus affinée que raffinée. Loin d´être indifférente, je suis peut-être plus connaisseuse du monde qui m´entoure à même de pressentir, prévoir et prévenir les évènements. Ce qui n´est pas sans me déplaire.
J´admets que je dois tous ces mutations internes à vous qui m´avez côtoyé, connu, aimé, aidé ou refoulé. Avec vous j´ai appris à danser, la première sortie au club, la première fois où on a capoté ; histoire de se la jouer grande. Tous et sans distinction vous avez fait de moi la femme que je suis devenue. Cette femme dont les caprices s´apparentent à la raison et les décisions s´allient à la réflexion. Tout de même n´attendez pas de moi la sagesse. Les plus belles années sont encore à venir. Elles seront faites de mes rêves les plus fous, les plus excitants. On y parcourra tous ensemble le monde, notre monde à nous que nous aurons créé en femmes fortes, battantes et indépendantes.
En effet, à quoi servirait-il trente et une tranquille année? Ils existent des moments charnières dans la vie de toute femme et surtout celles d´Afrique dont je suis l´une. Ces épreuves qui nous forgent, ces douleurs qui nous brisent mais il faut savoir se féliciter de ses réussites, ses chances et ses sentiments exprimés. Je sors d´une nouvelle décennie de vie pour en prendre une année de plus. Ce sont trente et un ans repartis sur deux millénaires et leurs changements. Ce sont à trente et une année passée dont deux à bloguer, six dans le journalisme, et vingt-six à user mes pagnes sur les bancs en quête du savoir. Une chance que peu de femmes comme moi ont. Je pense à ces femmes qui sont violées chaque heure au Congo, en Centrafrique. Je vois ces fillettes qu´on arrache des bancs pour marier aux vieillards édentés au nom d´une tradition. Mes pensées s´envolent vers ces filles qui auraient pu avoir mon âge aujourd´hui mais qui sont parties à la fleur de l´âge suite à un accouchement difficile, une interruption volontaire de grossesse. Comment oublier celles qui aujourd´hui condamnée à vie par une VIH ne peut s´imaginer l´avenir?

Je rends hommage à ces femmes qui, quelques part à un bout du monde sont meurtries au tréfonds d´elles. Vous êtes mes héroïnes. Vous ne pouvez imaginer les révoltes que vous avez soulevé par vos larmes. Personne ne vous dira les passions que vous avez fait naître ni des vies que vous avez inspiré autrement par vos cris. Le cadeau que je me serai souhaité un monde dans lequel toutes les femmes seront des reines. A défaut, je me souhaite pour les prochaines décennies à venir de voir, une gouvernance prenant au cœur la question de la condition de la femme africaine. Un monde où, toutes les filles auront le droit d´être scolarisées sous peine de sanction pour les parents qui s´opposeraient. Une Afrique où, toute personne mutilant ou ayant aidé à mutiler génitalement une femme encourait une peine de prison. Je me sentirais comblée si dans ce monde, la femme jouira de tous ses droits, dont celui d´un travail décent sans harcèlement sexuel, qu´elle ne subira aucune violence et aucune discrimination. Je crois que je ne demande trop. Un monde où la vulnérabilité de la femme ne sera qu´un lointain souvenir. 

2 commentaires:

  1. Bravo pour cet article !
    Oui, toutes les femmes sont des reines (comme le chante Ismaël Lô) et tu en es une !
    Vieillir (en l'acceptant), c'est tellement bien ! Crois-moi.

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    1. Merci Chriss! L´humain doit s´accepter tel qu´il est est.

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