jeudi 26 juillet 2012


Et si l´enfer  sur terre a existé…

Quiconque ne se souvient point de l´histoire est condamné à la revivre de nouveau. Je suis arrivée à Auschwitz par un élan de curiosité, j´y repartirai par devoir de mémoire.



Les barbelés entourant le camp et un Mirrador, de là on tirait à bout portant sur les fuyards (Ph Rene Mouna)

Les trois camps avec leurs fils barbelés à haute voltage, leurs miradors et les cheminées des fours crématoires, les blocs d´expériences médicales, … Tout est là et témoigne de l´horreur que les déportés ont vécu. Dans mes souvenirs d´enfance, la guerre mondiale se rattache aux anciens combattants et leurs décorations alignées sur leurs tenues usagées. À ma tante et ses nombreuses passages dans la capitale pour retirer la pension des anciens combattants, cette compensation donnée aux veuves et orphelins des tirailleurs africains. Quand je fus au lycée, j´appris alors l´histoire de la guerre sous le prisme français. Je connaissais alors la version des alliés vainqueurs de la guerre. Depuis deux ans et demi, je connais une autre version, la version allemande. Celle teintée des interdits et des retenues avec son corollaire de mots étouffés, des attitudes à éviter. Une version saupoudrée de culpabilité et de repentance. J´eus assez du politiquement correct. Il me fallait voir Auschwitz pour me faire ma propre idée. Je partis!


Les images ont leur language (Ph Rene Mouna)

Mais c´est au sein du musée que la réalité insaisissable jusqu’à là saute à l´oeil. Derrière les vitres, un tas de chaussures; là des peignes, des boîtes à cirage, des lunettes aux montures rouillées, un amoncellement de valises portant le nom et ladresse de leurs propriétaires: Marta Kafka, Vienne. Un monticule de cheveux de juifs rasés, destinés à une usine de textiles pour la fabrication de tissus. Plus loin, de ballot d´étoffes, rêche dont le temps y a laissé ses empreintes jaune-brun. Des habits de nourrissons. Voilà ce qui ébranla mon cœur de femme. On se demande «quel est ce Dieu qui a pu laisser faire?»

les deux fours crématoires. Ici, 1000 personnes furent gazéifiées (Ph Rene Mouna)


Mais la goutte qui fit déborder ma vase c´était, la chambre à gaz. Devant moi, les deux fours crématoires. Tel qu´ils étaient dans mon livre d´histoire de troisième. Sans un trucage quelconque. Comment garder le silence imposé dans ce lieu en mémoire des milles victimes gazéifiées? Immortaliser ce que je vis, le plaquer sous le nez du premier de ces nationalistes qui tenterait encore le déni d´histoire en criant à la manipulation contre son cher Allemagne. Tête baissée, je sortis en silence de la chambre à gaz. Je n´ai plus de mot. Non, Auschwitz ne pourrait être décrit. Aucun mot n´est assez fort, assez exact et, assez juste pour dépeindre l´horreur dont on voit encore les traces. Je ne peux aujourd´hui que dire, si l´enfer sur terre a existé, Auschwitz en serait le pandémonium. 

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